mardi 31 août 2010

Quote.

"Ils l'avaient enfermé dans une ferme, à la cave. Depuis quand, allez savoir - mais ça ne pourrait plus durer très longtemps. Il avait à peu près mon âge, ma taille, probablement mon poids aussi, du moins avant qu'ils le privent de nourriture. il s'appelait Ricky, disaient-ils, il venait du Minnesota. [...] Aujourd'hui, il se sentait très mal; sans doute parce qu'il avait surtout réussi à se retrouver nu dans le cellier d'un endroit inconnu, dans un pays inconnu, avec des inconnus qui l'étudiaient, lui tapaient dessus chacun son tour. Je sais qu'au fond de sa tête il se rappelait un millier de films, dans lequel le héros, pieds et poings liés comme lui, relève le menton avec un sourire provocateur et dit à ses bourreaux d'aller se faire foutre. Comme des millions d'autres adolescents, il avait appris dans les salles obscures comment les hommes se comportent dans l'adversité. D'abord ils subissent; ensuite ils se vengent.
Mais comme Ricky n'était pas très malin - il lui manquait deux couilles pour baiser un porc, comme on dirait peut-être dans le Minnesota -, il avait négligé certains avantages dont profitent les dieux de la pellicule. En réalité, il n'y en a qu'un mais il est fondamental. A savoir qu'ils vivent dans la fiction. Car, honnêtement, c'est bidon, leurs histoires.
Navré de dissiper vos illusions chéries, mais les hommes dans sa situation n'envoient pas leurs geôliers se faire foutre. Ils ne font pas de sourires provocants, ils ne crachent dans l'oeil de personne et jamais, au grand jamais, ils ne se libèrent d'un violent coup de reins. Non, ils restent figés, ils tremblent, ils pleurent et, littéralement, ils appellent maman. Leur nez coule, leurs jambes vacillent, ils gémissent. Ainsi sont les hommes, tous les hommes, et voici la vraie vie.
Désolé, mais c'est comme ça."

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