vendredi 6 mai 2011

L'affrontement de la page blanche.
Le regard et l'esprit en eaux troubles.
Les doigts qui tapotent machinalement les touches de ce clavier que je m'imagine briser contre cette porte que je rêve ensuite d'enfoncer. Renverser tous les meubles, briser jusqu'aux cadres, bureaux, instruments, la moindre chose qui m'ait un jour été chère. Briser jusqu'à mes poings contre ces murs. Sentir le sang couler le long de mes bras meurtris, me noyer de cette douleur, fuir son autre jumelle. Celle qui anime mon corps, la douleur de te perdre, le refus de te perdre.
N'attendre plus que la peine. Prier pour que les larmes viennent. Douce souffrance salvatrice, je t'offre le sillon de mes joues creusées, y laisser couler tout le mal qui remue mes entrailles.
Montre-toi, par pitié.

vendredi 26 novembre 2010

Fake.

Le sol est froid, sous mes pieds nus. Comme chaque goutte glaciale qui coule sur ma peau et en brûle l'épiderme.
Les regards se tournent lorsque le moteur trouble le silence de la rue déserte.
Rouges, jaunes, orangées. Les derniers luminaires se mélangent harmonieusement dans le reflet des nappes d'eau de la pluie passée. Comme de l'encre qu'on aurait laissé couler sur la chaussée.
Je ne sais pas trop pourquoi avoir quitté cette fête si bien orchestrée. Tout y était beau, des invités jusqu'aux verres de cristal qui tintaient joyeusement.
J'avais pourtant l'étrange impression de suffoquer. Comme si les murs se rapprochaient soudainement, tout autour de ces faux-semblants, ces sourires trompeurs et ce simulacre de bonheur aguicheur.
Je me suis précipité vers la sortie de secours, la bise hostile venue fouetter mes joues et mes moindres centimètres de peau découverte.
Je ne sais pas si c'est la folie ou l'urgence de l'étouffement qui me fit détacher cette cravate étroite et la chemise cintrée, parfaitement bien repassée. Le torse dévêtu, offrant la moindre parcelle de mon corps à ce froid saisissant. J'ai fini par sentir quelque chose de vrai.

lundi 1 novembre 2010

Through.

J'ai l'impression d'avoir retrouvé l'usage de mes membres. Comme après une longue rééducation, suite à un grave accident. Je recommence à respirer sans trop de douleur. C'est le mal qui s'atténue, chaque jour un peu plus.
Lors du crash, mes os s'étaient brisés comme de vulgaires petites brindilles sous le poids d'un pas.
Laissé pour mort, face contre terre. Circulez, il n'y a rien à voir.
J'ai dû m'appliquer à me relever. J'ai rampé d'abord, abattu par ce mal de l'être qui continuait de s'épandre. J'ai voulu mourir, soulager un peu cette souffrance par le plus bas des moyens.
Puis il y eut l'étape du déni. J'ai refusé de me remettre à goûter la vie, rejeté l'idée d'un futur possible. Mais comme le temps fait si sûrement son œuvre, l'existence est devenue moins pénible. La douleur s'est doucement atténuée et ce fût la rechute. Comme une dangereuse amie qu'on s'était fait, une peine qu'on avait fini par affectionner. Substitue au ressenti d'antan.
Entrainée à la perte, on a finit par se remettre à marcher, sans trop de mal. Souffrant désormais plus la peur que la peine en elle-même.
On a jeté un coup d'œil en arrière, cela n'avait été qu'un simple accident. Semblable à celui de 294 individus par jour. Je m'étais remis à vivre, à éprouver du plaisir à la chose.
C'était tragique, terrible, inattendu, brutal, désespérant, pénible, sombre, atroce et violent.
On s'en remet.

You! - I hate You!

mercredi 22 septembre 2010

Loser.

Les lumières sont aveuglantes. Le bruit, assourdissant. L'air, irrespirable.
Bang-bang, dans mon crâne. Les yeux vitreux, je déambule entre les corps agités, transpirants. Je marque un arrêt sur ces longues jambes dénudés. Je ne sais si c'est l'alcool ou la drogue qui les rend si attirantes, mais je n'ai qu'une seule envie, pouvoir passer ma main sur cette chair, déchirer le peu d'habits qui la couvre.
Bang-bang, dans mon crâne. J'ai besoin d'air, tant pis pour la fille.
Je bouscule encore quelques épaules, serre les mâchoires, déterminé à m'échapper de cette messe de corps secoués.
Un pas de travers et c'est la chute. J'essaie d'hurler lorsqu'un talon vient s'écraser sur mes doigts. J'arrive tant bien que mal à me relever. Ma main saigne, mais la vodka a suffit à anesthésié le moindre de mes sens. Je suis invincible.
J'ai rarement été aussi saoul. Je pourrais raconter à mes amis, combien de verres j'ai ingurgité, combien de lignes j'ai sniffé, combien de fesses j'ai pu toucher.
Bang-bang, dans mon crâne. Mon estomac commence à tourner. C'est une affaire de mental, je ne dois pas vomir.
J'arrive enfin jusqu'à la sortie. J'ai réussi. Et sans vomir. Je suis arrivé à bout de cette soirée d'excès, à célébrer. Célébrer quoi, d'ailleurs? Ma vie.
Je fais pas grand chose de ma vie, quand j'y pense. J'ai eu mon bac, c'est l'essentiel. Depuis, je branle rien. Ou plutôt beaucoup, quand les copines ne sont pas là. J'appelle des copains, on fume des joints, on rigole bien. Je joue à la console et j'avais commencé à apprendre à jouer de la guitare aussi. Il paraît que ça fait tomber les filles. Mais j'ai abandonné, j'ai plus trop le temps en ce moment. Je me lève tard et me couche tard. Mais j'aurais tout le temps d'apprendre plus tard. Je serais riche d'ailleurs, j'aurais une belle femme et un bon boulot. Ce sera ça ma vie, plus tard.
Ma vie, que je noie dans la boisson, la coke ou autre chose. Tant pis, je profite.
J'ai du mal à me rappeler si la fille que j'ai embrassé était belle. Tout devient trouble, comme la lumière des lampadaires qui suivent mes pas. J'habite pas très loin. J'espère que je ne vais pas réveiller mes parents, ils sont assez chiants en ce moment.
Ma maison est juste là. De l'autre côté de la chaussée.
Un bruit sourd et une violente collision.
Bang-bang. Dans mon crâne.
J'ai mal. Un peu partout. J'ai du tomber, je n'ai pas les idées très claires.
Un liquide amer et chaud coule de ma bouche. Merde. J'espère que je n'ai pas vomi.
Vomir, c'est pour les faibles, les losers. Je suis pas un loser.
Mes paupières sont lourdes et j'ai froid. J'ai l'impression que quelqu'un me secoue.
Ce n'est pas grave, ça ira mieux demain...

C'est l'histoire d'un mec qui crève. Sans raison, sans morale.
Comme ça.

mardi 31 août 2010

And there will be a price.

Laissons-nous aller aux futilités.
Le temps d'une nuit, le temps d'un été,
Comme si on faisait fi de la réalité.
Laissons-nous aller aux futilités.
Le temps d'un instant, le temps d'une soirée,
Comme si on fuyait tous cette réalité.
Quelques brûlantes gorgées,
Quelques fumantes bouffées.
Laissons-nous aller jusqu'à tout oublier.
Nos soucis, nos peines, et la triste vérité.
Que nous ne sommes guère plus que des pantins désarticulés,
Laissés pour compte en état d'ébriété.
Laissons-nous tous aller à ce jeu sans regrets.
Jusqu'à finir étendus, misérables sur le pavé.
Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune once de sincérité.
Laissons-nous aller aux futilités.
Jusqu'à ce qu'elle nous rattrape, cette dure vérité...

Sin.

Quote.

"Ils l'avaient enfermé dans une ferme, à la cave. Depuis quand, allez savoir - mais ça ne pourrait plus durer très longtemps. Il avait à peu près mon âge, ma taille, probablement mon poids aussi, du moins avant qu'ils le privent de nourriture. il s'appelait Ricky, disaient-ils, il venait du Minnesota. [...] Aujourd'hui, il se sentait très mal; sans doute parce qu'il avait surtout réussi à se retrouver nu dans le cellier d'un endroit inconnu, dans un pays inconnu, avec des inconnus qui l'étudiaient, lui tapaient dessus chacun son tour. Je sais qu'au fond de sa tête il se rappelait un millier de films, dans lequel le héros, pieds et poings liés comme lui, relève le menton avec un sourire provocateur et dit à ses bourreaux d'aller se faire foutre. Comme des millions d'autres adolescents, il avait appris dans les salles obscures comment les hommes se comportent dans l'adversité. D'abord ils subissent; ensuite ils se vengent.
Mais comme Ricky n'était pas très malin - il lui manquait deux couilles pour baiser un porc, comme on dirait peut-être dans le Minnesota -, il avait négligé certains avantages dont profitent les dieux de la pellicule. En réalité, il n'y en a qu'un mais il est fondamental. A savoir qu'ils vivent dans la fiction. Car, honnêtement, c'est bidon, leurs histoires.
Navré de dissiper vos illusions chéries, mais les hommes dans sa situation n'envoient pas leurs geôliers se faire foutre. Ils ne font pas de sourires provocants, ils ne crachent dans l'oeil de personne et jamais, au grand jamais, ils ne se libèrent d'un violent coup de reins. Non, ils restent figés, ils tremblent, ils pleurent et, littéralement, ils appellent maman. Leur nez coule, leurs jambes vacillent, ils gémissent. Ainsi sont les hommes, tous les hommes, et voici la vraie vie.
Désolé, mais c'est comme ça."

samedi 21 août 2010

Fear.

J'ai revu mes albums. J'en ai tourné jusqu'à la dernière page. Je me suis vu gosse, la coupe au bol, encore innocent avec l'amoureuse du moment. Amélie, ou Marine peut-être... J'ai vu mes premières vacances à la mer, les étincelles dans mes yeux, mes longues mèches platines qui venaient les gêner. Mon premier "meilleur ami", ma première Nintendo, les bougies qui ne s'éteignaient pas sur mon 8e gâteau d'anniversaire. Je me suis rappelé de ma Maman, de ses câlins comme de ses fessées. Puis, ça s'accélère... Mon premier vrai baiser, mon premier zéro, ma première cuite. Toi. Mon unique Amour, avec mes espoirs et mes peines. Comme un film en diapositives, qui semble s'être arrêté un peu plus longtemps sur une image. Une nouvelle accélération. Tout un tas de gens, de visages qu'on oublie sans le vouloir. Comme si le temps nous manquait pour toutes ces choses que l'on regrette. Et puis je me suis demandé à quoi ça nous menait. Je me suis demandé s'il y avait un sens à toutes ces vies qui se croisent, s'emmêlent et s'abandonnent. J'ai repensé à cette petite bouille blonde, à ce qu'elle était devenue aujourd'hui. Et c'est là que j'ai perdu toutes mes certitudes, tout le semblant d'assurance que je croyais béton. Je me suis posé la vraie question, la question qui fait peur, celle qu'on préfère penser ridicule, celle qui demande un sens à nos vies.